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Kairouan : Manque d’espaces de loisirs

Les loisirs sont les moments dont on dispose pour faire commodément des activités ludiques ou culturelles en dehors de ses préoccupations quotidiennes et des contraintes qu’elles imposent, ce qui procure beaucoup de délassement d’autant plus qu’on dispose de tout son temps pour s’adonner à ses hobbies.

Dans un gouvernorat comme celui de Kairouan où 40% de la population ont moins de 30 ans, les jeunes élèves et étudiants sont souvent obligés de passer leurs journées de vacances dans un état semi-comateux, faute d’activités ludiques et culturelles ainsi que d’espaces de loisirs bien équipés. Ainsi, on n’a pas beaucoup de choix concernant les loisirs et c’est la platitude et le désert culturel pour une jeunesse avide de divertissement.

En effet, à part l’existence d’une piscine municipale fermée pour cause de travaux, de trois espaces de loisirs où les prix sont excessifs, des salons de thé noyés par la fumée, une maison des jeunes presque désertée, un complexe culturel souffrant de plusieurs lacunes, quelques terrains de quartier très modestes, les jeunes ne trouvent pas de lieux pour s’épanouir, décompresser et s’adonner à leurs hobbies préférés.

Clubs dépourvus d’animateurs

Notons dans ce contexte qu’il existe dans tout le gouvernorat 16 maisons de jeunes dont certaines manquent d’équipement et d’animateurs, trois itinérantes qui sillonnent les localités rurales éloignées et proposent des activités aux jeunes villageois assoiffés de loisirs.
En outre, il n’existe que 4 clubs ruraux à Messaïd (El Ala), Oueslatia, Sidi Ali Ben Salem (Chebika) et Metbassta (Kairouan-Nord). Ces clubs, qui sont dépourvus d’animateurs, doivent attendre la visite occasionnelle des maisons de jeunes itinérante pour programmer quelques activités. Rares sont donc les manifestations culturelles attractives à même de favoriser l’intérêt des jeunes vacanciers.

C’est pourquoi on voit dans les quartiers populaires des écoliers et des collégiens jouer au ballon, aux billes et à la toupie, et ce, faute d’autres loisirs plus intéressants et faute de moyens financiers.
Par contre, dans les quartiers résidentiels, c’est le vide vu que les jeunes s’adonnent aux jeux vidéo pendant de longues heures, avec ce que cela comporte comme risque d’addition, d’isolement et de manque de communication.

Mme Emna Belhaj, mère de trois enfants dont deux collégiens, trouve qu’il y a eu un changement radical de la politique de l’Etat qui est passée de la démocratie culturelle à la culture d’élite : «Jusque dans les années 90, la culture et les loisirs étaient accessibles à tous aussi bien en ville qu’à la campagne à travers les comités culturels locaux, les bibliothèques itinérantes, les clubs dans les maisons des jeunes, les excursions et les séjours à l’étranger dans le cadre des activités de la jeunesse scolaire. Puis, à partir des années 2000, les pratiques culturelles classiques ont cédé la place à la culture numérique… De ce fait, les vieilles bibliothèques publiques dont le contenu laisse à désirer et les maisons des jeune sont dépassées par les nouvelles technologies…»

Témoignages

Ridha Dhifaoui, élève dans un lycée à Chrarda, nous parle du vide vécu pendant ces vacances d’hiver : «Ici, en milieu rural, on s’ennuie à mourir pendant les vacances, on ne sait pas où aller, d’autant plus que les rares activités programmées au sein de la maison de jeunes sont banales. La routine de nos journées a autant de rigueur que le rythme des saisons : le moindre écart nous jette dans l’extraordinaire. Personnellement, il m’arrive de passer des heures sous un olivier à lire n’importe quoi tout en regardant s’allonger les ombres…»

Wael Guesmi, étudiant, renchérit : «Il est évident que les jeunes Kairouanais ne vivent pas sous un ciel parfaitement serein, surtout qu’il y a une séparation rigide entre la jeunesse affichée à différentes associations et celle qui ne l’est-pas.
Je souhaiterais qu’aujourd’hui tous les jeunes qui n’appartiennent pas à une ONG, mais désirent néanmoins avoir des contacts avec leurs camarades, puissent le faire librement et fréquenter les centres de jeunesse et les différents clubs pour se consacrer à ce qui les intéresse…»

Selma Fatnassi, 25 ans, ayant interrompu ses études à cause de la pauvreté de sa famille, espère avoir un meilleur avenir et une existence plus riche : «Je me suis inscrite depuis plusieurs mois dans un centre de formation en broderie afin de pouvoir, plus tard, monter un petit atelier. Ainsi, je n’ai plus le temps de m’ennuyer et je sais qu’une autre vie est possible où je ne serai plus cette fille chargée d’aller chercher l’eau et est privée de distraction…»

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